Lundi 14h - 19h

Mardi - Samedi : 10h - 12h30, 14h - 19h

 

 

 

 

Annesophie B.

https://www.instagram.com/annesophiebooks/?hl=fr

chroniqueuse littéraire à temps complet.

Conseillé par
30 mars 2021

Un recueil coup de coeur.

Neuf nouvelles, aussi différentes que passionnantes les unes que les autres.
Passé, présent, futur, sur un continent ou sur un autre, chacune d’elle raconte une histoire profonde et délicate.

Avec Tous les Noms qu’ils donnaient à Dieu, Anjali Sachdeva nous offre une galerie de personnages étonnants et attachants, complexes et humains.
Impossible, bien entendu, d’écrire un résumé puisqu’il s’agit de nouvelles. Je ne peux donc que m’attarder sur le style et tout ce qui s’en dégage.
Et rien qu’à ce sujet il y aurait déjà tellement à dire...

En refermant un recueil j’ai toujours pour habitude de me demander quelle nouvelle retient ma préférence.
Ici je suis bien incapable de le dire avec certitude, car elles renferment toutes un message ou une image étonnamment saisissant(e).

Il va être question de mythes, de croyances, de sciences, de magie, d’Histoire et d’avenir, des sujets aux antipodes les uns des autres et qui, cependant, s’emboîtent avec une justesse et une élégance rares.

La plume est belle, sans fioritures, et pourtant d’une beauté poétique difficile à imaginer.

Le genre de recueil qui réclame au lecteur d’ouvrir son esprit sans poser de question, et qui, en contrepartie, lui offre une multitude de possibilités en lui ouvrant les portes sur des mondes insoupçonnés et néanmoins parfaitement envisageables.
La couverture du livre illustre d’ailleurs à la perfection le ressenti du lecteur durant ces 273 pages.

Pleine d’espoirs ou profondément noire, chacune de ces neuf nouvelles vous entraînera sur un sentier que vous ne regretterez pas d’avoir emprunté, et dont vous garderez un souvenir marquant.

Un recueil différent, magnifique et magnétique, aussi sombre que lumineux, qui vous ouvrira des perspectives qui tour à tour vous feront rêver ou trembler.
Un premier ouvrage parfaitement abouti, et qui ne peut que nous donner envie de suivre cette auteure de très près.

À découvrir sans tarder, pour réfléchir, rêver et s’évader.

17,00
Conseillé par
30 mars 2021

Dans l'air du temps.

Un roman à lire et à faire lire.
Avec Instagrammable, Éliette Abecassis nous plonge dans les travers des réseaux sociaux et nous montre leur impact dans nos vies respectives.
Mais pas seulement.

Sacha, Jade, Léo.
Presque des adultes et pourtant si peu préparés à le devenir.
Enfants des années 2000, élevés par la télévision, nourris par les publicités, drogués aux émissions de télé-réalité.
Et, par dessus tout, programmés par les réseaux sociaux.
C’est LÀ qu’il faut être connu, vu, aimé, voire adulé. Rien d’autre ne compte, que le nombre de likes.

La vie réelle, pour cette génération, c’est ce qui se passe sur leurs écrans. Le reste n’est qu’illusion sans importance.
Alors Sacha like comme elle respire et scrolle comme si ça vie en dépendait.
Jade, elle, est influenceuse.
Autant dire une déesse. Tout ce qu’elle dit, fait, porte ou montre, est forcément ce qu’il faut dire, faire, porter ou montrer.
Qu’importe qu’elle soit mauvaise ou idiote. L’important se situe dans son nombre d’abonnés.

L’une veut ressembler à l’autre, quand l’autre ne rêve que de détruire la première.
En lisant la référence aux Liaisons Dangereuses dans le résumé, mon réflexe premier a été le doute. Un tel monument de la littérature avec un grand L, à l’heure du numérique ? Difficile à imaginer.
Et pourtant, Éliette Abecassis a réussi à relever le défi.
Haut la main.

Dans cette société où tout est question d’image, où un commentaire peut faire de vous une vedette et où une story peut vous mettre à mort, ces petits adultes, ces grands enfants, se livrent à l’ennemi aussi sûrement qu’en se rendant que un champ de bataille.
Mais qu’importe les risques, puisque de toute façon leur vie sociale ne peut dépendre que de ça.
Dans ce monde hyperconnecté où un retweet équivaut à un engagement et un smiley à une déclaration sous serment, la réalité n’a plus lieu d’être.
Soumis à cette influence sans cesse grandissante, les nouvelles générations vouent un culte démesuré à ces tribunaux virtuels que sont devenus les réseaux.
Pour eux, être, tout simplement, n’a pas de valeur, ce qu’il faut, ce qu’ils doivent, c’est être VUS.
Quel qu’en soit le prix à payer.

À lire, urgemment !

Conseillé par
30 mars 2021

Voyage au XVIIIème

Un bien agréable voyage dans le temps.
Une petite virée dans l’Angleterre du XVIIIeme, ça vous tente ?
Si oui, ce roman est fait pour vous.

Avec La Sirène, le Marchand et la Courtisane, Imogen Hermes Gower parvient à recréer pour nous une ville de Londres tout ce qu’il y a de plus 18ème.
Et, franchement, ça vaut le détour !

Les termes « cabinet de curiosités » inscrits en 4ème de couverture sont on ne peut plus juste.
Des personnages follement attachants, extravagants, irritants se côtoient, dans cette époque finalement beaucoup plus libérée que la nôtre.
L’ambiance est excellemment reconstituée, et durant toute la lecture vous aurez tout autant l’impression d’entendre bruisser les soieries et autres taffetas que de sentir les relents nauséabonds qui se cachent dessous.
Et les dialogues... ah, les dialogues sont justes parfaits. Irrésistibles de drôlerie ou fascinants de sagesse, ils nous montrent que nous avons beau nous croire beaucoup plus évolués qu’à l’époque, le fait est que nous sommes loin du compte.

Personnellement j’ai autant ri que réfléchi pendant ces 522 pages.

L’auteure parvient si bien à alterner humour théâtral, pensées sociales, représentations historiques et évolutions féminines (en y ajoutant même une très légère touche de fantastique !) que l’on ne s’ennuie pas un seul instant.
Pour un premier roman, c’est assez exceptionnel, selon moi.

Angie vous semblera tour à tour libre et profondément dépendante, vénale et insouciante, blasée et enfantine.
Hancook, lui, vous fera ressentir de l’empathie, voire de la pitié, de l’agacement teinté d’une bonne dose d’attendrissement.
Quant à la Sirène... pour elle, je vous laisse découvrir par vous-même de quoi il retourne 😉

Alors, bien sûr je recommande ce roman.
Pour tous ceux qui aiment les romans historiques, ce sera un pur régal.
Pour ceux qui sont moins versés dans le genre, ce sera une bien belle occasion de faire une exception, et de découvrir un livre non seulement différent mais également terriblement dépaysant et rafraîchissant.
Bref, à peu près tout ce que l’on recherche en ce moment !

Si vous ne l’avez pas encore, courrez vous le procurer.
Et bon voyage littéraire à vous.

le nouveau thriller de la plus machiavélique des autrices du genre

HarperCollins

20,00
Conseillé par
14 mars 2021

Très bon.

Dire que ce roman est un thriller psychologique serait réducteur.
C’en est un, et un très bon, pas de doute là-dessus, mais il est aussi beaucoup plus.

Claire Favan est toujours terrifiante (dans le bon sens du terme !) quand elle aborde le sujet de l’enfance. Et dans La Chair de sa Chair, elle l’aborde, la triture, la décortique, la modèle à son goût et nous en offre l’image la plus féroce qui soit.
N’ayez crainte, pas de bain de sang, de scène de torture ou de passage horrifique, elle n’en a nul besoin.
Non, ici tout est dans la psychologie des personnages, et c’est ce qui rend cette histoire aussi effrayante qu’additive.

Moira, Peter, Nigel, Wendy... Une mère, trois enfants.
Moira, sur qui le sort s’acharne.
Moira, qui reproduit en tentant de faire l’exact opposé.
Moira dépassée, épuisée, malheureuse. Mais mère aimante avant tout.
Jusqu’au drame.

On a déjà lu et relu ce genre d’histoires, direz-vous.
Et vous vous tromperiez.
Ici l’important n’est pas de savoir comment ça se termine, car on le sait dès le début : mal, très mal.
Non, la question est surtout : pour qui, pourquoi et comment.

L’auteure n’essaie pas de nous entraîner sur des pistes multiples, ni de nous perdre en conjectures.
Elle raconte seulement.
Et l’intrigue est si bien présentée que c’est amplement suffisant.
Qu’y a-t-il de plus innocent qu’un enfant ? Qu’y a-t-il de plus effrayant qu’un enfant qui est tout sauf innocent ?
Dans le cas présent, rien !

Peter et Nigel ne vous quitteront pas de sitôt, ils se pourrait même que vous les recroisiez au détour d’un cauchemar futur.

Laissez-vous prendre au jeu de cette intrigue infernale. Laissez-vous guider durant les 353 pages de ce roman.
Vous en ressentirez pantois, échevelé, et sûrement tachycarde, mais n’est-ce pas précisément tout ce que l’on recherche dans ce type de lecture ?

Un excellent thriller, que j’espère sincèrement voir adapté un jour en film.
À découvrir sans tarder !

18,00
Conseillé par
14 mars 2021

Indispensable.

Qu’est ce que je pourrais bien vous dire pour vous convaincre de lire ce nouveau roman de Mathieu Menegaux ?

Je pourrais vous parler du titre, Femmes en colère, tellement approprié et si judicieux.
Je pourrais vous parler de son intrigue, l’histoire de Mathilde, qui est aujourd’hui jugée aux assises parce qu’elle a eu le malheur d’être un jour victime de monstres.

Je pourrais vous parler des personnages, profonds, touchants, révoltants. Ceux que l’on voudrait serrer dans nos bras et ceux que l’on aimerait frapper, tellement représentatifs de notre société.
Je pourrais vous parler du style de l’auteur, si vif, si vrai, si juste...
Je pourrais vous parler de l’atmosphère qui s’en dégage, de cette sensation d’être dans cette salle, d’assister aux débats, mais aussi de réellement être aux côtés de Mathilde pendant les suspensions. Du besoin ressenti par le lecteur de l’écouter encore et encore.

Je pourrais vous parler des problèmes qu’il met en lumières et des sujets qu’il interroge.
Le droit des femmes à dire non.

Le fait que ce droit soit remis en cause quand la femme n’a pas la tenue vestimentaire appropriée ou le mode de vie qu’on en attend.

Le fait que si une victime a l’outrecuidance de vouloir se défendre, elle devient coupable aux yeux de la Loi...

Je pourrais vous parler de ce que j’ai ressenti lors de cette lecture.
De ma colère face à ces vérités.
De mon dégoûts face à certaines réactions des jurés.
De mon désespoir devant tout ce qu’il nous reste à accomplir avant qu’enfin une victime n’est plus jamais à se justifier.
Et surtout de l’immense besoin de dire merci à l’auteur.
Parce qu’il a su trouvé les mots. Parce qu’il n’a pas eu peur de les mettre sur papier. Parce qu’il est parvenu à exprimer le pire pour essayer de nous ouvrir les yeux.
Parce qu’enfin, c’est un homme, et que pourtant c’est sûrement l’un des plus beaux témoignages de femme qu’il nous offre là.

Je pourrais vous parler de mille et une choses, mais je ne le ferais jamais aussi bien que l’auteur.
Je pourrais vous donner des dizaines de raisons de le lire, mais aucune de sera à la hauteur de ce roman.

Alors n’hésitez pas.
Lisez-le.
Offrez-le.
Parlez-en.