Lundi 14h - 19h

Mardi - Samedi : 10h - 12h30, 14h - 19h

 

 

 

 

Éditions Gallmeister

Conseillé par
5 février 2012

Sukkwan Island est un livre effrayant et dérangeant. Un vrai coup de poing ! J'ai trouvé ce texte très dur : outre le fait d'être un huis clos glaçant (ce qui intensifie magistralement le suspense), les sentiments qui se dégagent des personnages et l'histoire sont vraiment terribles !

D’entrée la tension est palpable et nous fait dire qu’une chose horrible arrive doucement. Pendant tout la lecture, le malaise est présent et on s’attend à chaque mot lu, à chaque page tournée, au drame ! et quand il arrive c’est le choc, l’horreur absolue. Construit en 2 parties (2 points de vue), la première monte crescendo pour ensuite aboutir, dans la seconde, à un déversement de folie et de souffrance, liées à la culpabilité du personnage.

J'ai apprécié ce premier roman même si la tension, la violence et la douleur qui se dégagent du récit font froid dans le dos. Je pense que la lecture est ici soit noire soit blanche, on aime ou on n’aime pas du tout, mais quoi que vous en pensiez, il vous marquera certainement. Ce n’est pas pour rien qu’il a été couronné par le prix Médicis étranger en 2010.

Il me tarde de lire le nouveau David Vann : Désolations (304 pages) sorti le 25 août 2011 aux Editions Gallmeister

l'histoire intime de Skyler Rampike

Points

Conseillé par
5 février 2012

Voilà un roman pour le moins original dans le style et la construction. Ce n’est plus Joyce Carol Oates mais Skyler Rampike, le personnage principal, qui tient la plume. Dans ce roman, elle disparait totalement derrière le narrateur et lui fait dire des vérités tel un témoignage, ici un peu maladroit et enfantin. L’écriture est parfois dérangeante mais fidèle à la personnalité torturée de ce personnage, qui se définit lui-même d’amateur-narrateur. Construit à la manière d’un document, il regroupe un journal intime, des pièces personnelles (lettres, messages) et une multitude de notes en bas de page laissées par le personnage pour aiguiller le lecteur dans sa lecture.


On en oublie totalement l’auteure au profit de cet anti-héros attachant. Et pourtant, on y retrouve son style si particulier qui restitue à merveille la psychologie de ses personnages. Une écriture efficace qui touche le lecteur, et qui fait de Petite sœur, mon amour un récit magnifique, bouleversant et saisissant.

S’inspirant d’un fait divers qui défraya les chroniques américaines (le meurtre irrésolu de mini-miss-America en 1996), elle utilise la réalité pour sa fiction et propose d’élucider cette affaire par le bais de son personnage. Bien que Petite sœur, mon amour prenne ses sources sur un fait divers, Joyce Carol Oates l’annonce comme une œuvre purement imaginaire utilisant cette énigme criminelle comme la base de son roman. En effet, sur près de 600 pages elle relate la vie des Rampike à l’image de celle des Ramsey, magistralement contée par l’ainé de la victime jusqu’au dénouement final. Dans la triste histoire originale, le meurtre n’a jamais été élucidé et aussi bien les parents que le frère furent soupçonnés. Jusqu’aux dernières pages on est tenté ici d’accuser l’un ou l’autre. Mais la force de la fiction permet à J.C.Oates d’élucider le crime et elle décide ainsi de lever le voile sur les faits.
Sa retranscription des faits et de cette société fait froid dans le dos. A travers ce récit, l’auteure analyse avec beaucoup de finesse la société américaine dans tout ce qu’il y a de médiocre : les adultes manipulateurs arrivistes et avides de reconnaissance sociale, la ferveur religieuse, la sur-médicamentation des enfants et les institutions qui encouragent tout cela.

Entre thriller et drame psychologique, Petite sœur, mon amour est un roman haletant, difficile à lâcher. L’auteure maintient la tension de la première à la dernière page. Comme dans un bon polar, on participe à l’enquête, on cherche, suppose le coupable jusqu’à l’épilogue glaçant. Comme souvent dans les romans de J.C.Oates, on est balloté d’un sentiment à l’autre : la beauté, l’écœurement, la haine, la pitié… mais toujours en restant fidèle au ressenti du personnage. On pénètre instantanément dans le monde de Skyler pour devenir le témoin du drame de sa vie. Une efficacité redoutable !

Pour conclure, je dirai que c'est un bon roman dont je me souviendrai longtemps, comme la plupart des romans de Joyce Carol Oates ! Je l'ai beaucoup aimé, même si j'ai pris pas mal de temps pour le lire car il est un peu long (plus de 600 pages). Par contre, si vous ne connaissez pas J.C. Oates, je vous conseille de ne pas commencer pas celui-ci car ce n’est pas un des plus faciles de cette grande dame de la littérature.

roman

Le Livre de poche

7,20
Conseillé par
5 février 2012

J’avoue que je suis assez partagée dans mon ressenti. Je suis moi-même maman et ce billet sera sans donc un peu trop subjectif mais je vais tenter de vous en parler du mieux possible en espérant tout de même arriver à aiguiser votre curiosité.

Un heureux événement m’a beaucoup touché. Il montre avec beaucoup de réalisme la difficulté que la femme rencontre en devenant mère (aussi bien sur le plan physique que le plan psychologique). Cela m’a fait beaucoup de bien de lire certains passages, de trouver et de mettre les justes mots à ce que j’ai éprouvé moi-même.
Eliette Abécassis désacralise la maternité, elle ose aborder sans aucun tabou les cotés négatifs de la maternité que la société moderne idéalise peut être un peu trop. A travers le témoignage sincère de Barbara, l’auteure met effectivement en avant des vérités difficilement avouables : donner la vie est une chose mais devenir mère et créer ce lien intime avec son bébé est loin d’être inné, il se construit doucement (et parfois au détriment du reste). Barbara m’a boulversé à certains passages : elle est totalement dépossédée de sa vie car elle l’a littéralement donnée.
«Qu’y avait-il à savoir de la vie quand on a donné la vie ? Je n’avais plus d’ambition personnelle, je n’en avais plus le temps, ma vie ne m’appartenais plus (….). Désormais j’étais mère (….). Je suis devenus mère, soit. Mais je ne savais pas qu’une mère n’était qu’une mère. J’ignorais qu’il fallait abdiquer tous les autres rôles (….), j’ignorais qu’il fallait renoncer à la vie. »


Il y a tout de même dans ce livre un condensé de pessimisme, qui met mal à l’aise. A croire qu’il n’y a que des mauvais coté à devenir parent. « Faire un enfant est à la porté de tous, et pourtant peu de futurs parents connaissent la vérité, c’est la fin de la vie. » Cet aspect sombre et la fin m’ont pas mal dérangé. L’égoïsme, qui tend un peu vers la méchanceté, et la tristesse du personnage sont sans doute trop mis en avant. L’auteure ne cache rien, certes mais fait basculer le roman doucement jusqu’au naufrage (aussi bien celui de la femme, que celui du couple). « De thésarde, j’étais devenue mère au foyer. De mère au foyer, j’étais devenue SDF. Jusqu’où descendrais-je ?»
Non la grossesse n’est pas une tare et non devenir mère et y prendre plaisir n’est pas impossible !

Heureusement, Eliette Abecassis a un style très agréable : fluide, moderne et ne manque pas d’humour. Le personnage en devient, au fil de la lecture, presque caricatural. Ce roman se lit très vite et le récit n’est pas déplaisant. L’auteur a choisi des mots justes, bien que souvent durs, et fait passer le lecteur du rire aux larmes en une phrase. On y retrouve beaucoup de situations ridicules que tous les parents ont bien rencontrées au moins une fois et qui fond sourire, et des vérités joliment dites « les hommes sont des femmes heureuses » !

Pour conclure, je vous dirai que ce livre n’est pas un coup de cœur et que la fin me laisse sur ma faim mais je ressors satisfaite dans l’ensemble. Je vous laisse juger et ceux et celles qui voudraient le livre, laissez moi un petit mot, je vous le prêterai avec plaisir.

Conseillé par
5 février 2012

Franck Thilliez a un réel talent pour instaurer une atmosphère oppressante à souhait où la violence et la tension sont omniprésentes. Dès les premières pages, j’ai été entrainée dans l’histoire captivante et j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman, difficile à refermer. Les chapitres sont courts et l’écriture est fluide, l’action omniprésente et pleine de rebondissements. Il y a beaucoup d’interrogations qui arrivent et qui poussent à avancer rapidement dans l’intrigue : qui est ce vieux milliardaire, que cache David au fond de lui, comment va finir la relation entre Cathy et son mari, qui est Miss Hyde ?....tout doucement certaines révélations arrivent. La tension monte d’un cran à chaque chapitre (autant que celle qui habite le couple) et le récit devient de plus en plus glacial (sentiment accentué par le décor hostile, froid et isolé). Une mention spéciale à ce décor, car l’histoire se déroule en huis clos dans un chalet isolé en pleine forêt où la neige et les expériences qui y sont menées font froid dans le dos. Le climat est glauque et oppressant, tout est réuni pour ravir les amateurs de sensations fortes.



Ce n’est pas évident d’en dire d’avantage sans en dévoiler trop sur l’histoire et risquer de gâcher le suspens. J’ajoute tout de même que les personnages (de milieux différents) sont assez bien construits et réalistes. Ils ont des doutes, des problèmes et des défauts. Ils sont peu nombreux et leur isolement entraine des réactions démesurées et des sentiments exacerbés. Ces acteurs ajoutent une tension supplémentaire à la lecture tant leur psychologie est poussée à l’extrême (un peu trop dingos peut être pour certains).

Pour conclure, je dirai que la foret des ombres est un thriller efficace mais tout comme dans la chambre des morts que j’ai lu précédemment, j’ai trouvé que beaucoup d’éléments étaient prévisibles. J’ai deviné rapidement certains faits liés au Bourreau 125 au fil de la lecture (me doutant un peu du dénouement), ce qui a un peu raté l’effet de surprise, mais je reste dans l’ensemble bien satisfaite de ce roman qui est un bon thriller, bien écrit.

Conseillé par
5 février 2012

Dès le début j’ai été embarquée dans le texte, et le style de Michael Genelin n’y est pas pour rien. L’écriture est entrainante, fluide, bref très agréable. Bien que traitant d’un sujet difficile et complexe, ce livre reste facile à lire, d’autant que l’auteur distille des pointes d’humour, notamment avec le personnage de Trokan (supérieur de l’enquêtrice). Ne vous fiez d’ailleurs pas aux premières pages du livre, elles annoncent à tort un roman banal et une intrigue classique mais plus on avance, et plus on oublie le lien avec la mort des prostituées, qui devient finalement un simple prétexte à des révélations sur un trafic beaucoup plus important mêlant certains dirigeants.

L’auteur inscrit son roman dans un contexte particulier : la période communiste et son l’idéologie totalitaire de l’Europe de l’Est (on ressent la pression politique avec la présence de la police secrète et la corruption est omniprésente). On apprend ainsi beaucoup de choses sur le passé de la Slovaquie. Il utilise ce passé historique pour justifier et donner du poids à son récit, d’autant qu’il alterne deux histoires : par flash-back l’histoire personnelle de Jana Matinova (femme policière slovaque qui n’a plus de contact avec sa fille) et l’enquête présente qu’elle mène en Europe (le meurtre de prostituées).

Il y a beaucoup de personnages qui interviennent dans l’histoire, sans pour autant être confus. Concernant la protagoniste, j’ai eu du mal à me prendre d’affection pour elle. Jana apparait très froide, limite antipathique. Elle me semblait un peu sans cœur et puis finalement, avec son histoire personnelle que l’on découvre parallèlement à l’enquête, j’ai appris à m’attacher et j’ai fini par être captivée : c’est une femme intelligente, une enquêtrice compétente, qui a beaucoup souffert. Elle ne fait pas partie de mes enquêtrices préférées mais j’aurai tout de même beaucoup de plaisir à la retrouver dans une prochaine aventure, car je sais que trois autres romans devraient suivre celui-ci dont La mort est mon amie (publication prévue pour janvier 2012).

Pour conclure, je dirai que Les jeunes filles et la mort est pour ma part un brin trop dispersé et confus dans certaines révélations mais reste néanmoins une intrigue policière crédible du début à la fin. C’est une enquête sans temps-morts qui promène le lecteur au fil de l’investigation à travers l’Europe et surtout la France que l’on découvre de façon originale à travers les yeux d’une slovaque et sous la plume d’un américain.