Le narrateur, un auteur en panne d’inspiration, revient sur sa vie, après la tentative d’assassinat dont est victime son ami d’enfance Alex Rabell. Chronique d’une d’amitié qui débute dès l’enfance, d’une histoire d’amour, qui, de trahisons en ruptures , de lâchetés en désillusions, se déroule sur toute une vie depuis les années 70. Mais ces souvenirs sont-ils bien exacts, ou ne préfère t-on pas conserver ce qui nous arrange ? Le portrait d’un homme (d'une génération) ancré son époque avec ses doutes, ses compromissions, ses oublis, sa lucidité. Se remet-on de son enfance et de ses déceptions?

Une promenade dans la forêt de Chantilly provoque chez le jeune Tûân une profonde mélancolie et l'afflux de souvenirs de son pays natal. Exilé à cause de la guerre du Vietnam et notamment de l'offensive du Têt, il choisit la France par amour pour sa langue et pour Gérard de Nerval. En fait, c'est la "langue des traîtres" va celer son destin. Si la boue de la forêt a remplacé le sol sablonneux du Vietnam, l'atmosphère et les odeurs de son pays d'origine lui manquent terriblement : son grand-père qui l'a recueilli à la mort de ses parents, sa cousine qui a disparu dans la jungle du Nord Vietnam...Nulle plainte pourtant de ce jeune homme solitaire qui a enduré tant d'épreuves et sera sauvé de la folie par sa passion pour le français. Poésie et nature sont là intimement liées pour une renaissance sous le signe du printemps.

Leda n'a que 17 ans lorsqu'elle quitte son village natal en Italie pour rejoindre en Argentine, son cousin Dante qu'elle a épousé par procuration. Quand elle arrive après un voyage éprouvant, Dante est mort lors une manifestation. Réfugiée dans un conventillo, une grande maison où tout le monde vit en joyeuse promiscuité, elle survit en effectuant divers travaux de couture à domicile. Mais fascinée par la ville, elle s'aventure de plus en plus à l'extérieur, prend goût à cette nouvelle liberté qui n'est pas familière aux femmes; d'ailleurs pour être tranquille, elle se déguise en homme, utilisant les habits de son mari, et fini par endosser son identité. C'est en temps qu'homme, et violoniste, qu'elle intègre un orchestre de Tango, écumant toutes les nuits bordels et bistrots, pour jouer cette musique qui commence à faire fureur dans toutes les couches de la société. Mais il n'y a pas de place pour les femmes dans ces orchestres et elle a intérêt à bien protéger son secret. Musique, aventures, passion, rythment ce livre fort romanesque, une ode à la liberté et à l'émancipation féminine, un livre qui nous emporte dans un monde troublant.

A la mort de son mari, Piedad bourgeoise bigote et désoeuvrée au seuil de la cinquantaine, réalise qu'il n'était pas du tout celui qu'elle croyait, qu'il s'apprêtait à s'enfuir à Rio avec sa jeune maitresse, et avait détourné 100 000 euros de l'entreprise familiale. Et surtout que sa mort n'est pas accidentelle. Piedad qui n'est pas non plus si cruche qu'elle n'en a l'air, se déchaine, femme fatale et meurtrière, éliminant sans état d'âme tous ceux qui se trouvent sur son chemin, afin de récupérer son bien. 8 jours au cours desquels sa vie sera totalement bouleversée, 8 jours où elle parvient à s'extraire de la seule place qu'on lui a toujours laissée et où elle se révèle sensuelle et décomplexée, 8 jours rythmés par la musique désuète des boléros dont elle raffole. Un dénouement inattendu, sanglant termine ce polar déjanté, érotique et burlesque.

Goro est président d’une société de spiritueux. Il est au sommet de sa carrière, de sa vie. Il forme un couple stable avec sa femme mais entretient 2 maitresses, dont Yuri, une actrice célèbre. Ses enfants sont maintenant adolescents. Il sort beaucoup, est reçu partout, repu d’orgueil et d’arrogance, et collectionne les photos de célébrités. Cependant, une accumulation subtile de détails devraient l’alerter sur ce qui est en train de lui arriver. Sa réussite est-elle vraiment ce qu’elle parait être ? Trop occupé à se pavaner dans de vaines réceptions, il ne voit pas sa vie se fissurer. D’abord, il y a Yuri qui refuse de le voir après la projection d’un film où elle est la vedette, puis sa seconde maitresse qui lui ferme sa porte également. C’est aussi le moment où son fils décide de choisir sa propre voie, de lui désobéir, ce qui lui est inconcevable. Et surtout, il est licencié par sa propre société, remplacé par sa sœur et son beau-frère. Même sa femme, si effacée, fini par le quitter…On voit cet homme si égoïste et si sur de lui qui chancèle. Il s’aperçoit que sa vie s’est construite sur une blessure d’enfance jamais cicatrisée, une prise de conscience tardive mais salutaire qui le renvoie à sa jeunesse, et à la perte de sa mère. Pourtant, on ne peut en vouloir à cet homme si antipathique, c’est là toute la subtilité de l’écriture de l’auteur.