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Achille aime Joséphine qui aime Paul (qui n'aime personne)
EAN13
9782012099364
ISBN
978-2-01-209936-4
Éditeur
Hachette
Date de publication
Collection
Bibliothèque verte (1402)
Dimensions
18 x 11 x 0,7 cm
Poids
120 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Achille aime Joséphine qui aime Paul (qui n'aime personne)

De

Hachette

Bibliothèque verte

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couverture

SHAÏNE CASSIM

ACHILLE AIME
JOSÉPHINE QUI AIME PAUL

(QUI N'AIME PERSONNE)

image

Couverture illustrée par Beb-Deum.

Conception graphique : Éric Palliet.

© Hachette Livre, 1998, 2003 pour la présente édition.

43, quai de Grenelle, 75015 Paris.

ISBN : 978-2-01-203334-4

Loi nº 49-956 du 16 juillet 1949
sur les publications destinées à la jeunesse.

« Vivre est à chaque instant manquer
de quelque chose. »

PAUL VALÉRY

« Mais évitez les hommes qui font étalage de
leur élégance et de leur beauté et dont chaque
cheveu a sa place assignée. Ce qu'ils vous
disent, ils l'ont dit à mille autres : leur amour
vagabond ne se fixe nulle part. »

OVIDE

À la mémoire de François Manenti,
qui m'a si bien entendue...

à M.
à C.

1

La divine Joséphine Faille

Joséphine est belle. Atrocement belle. Elle est née belle. Elle crèvera belle. Le hic, c'est qu'elle est cinglée.

Naturellement, elle ne le sait pas. Mais moi, Achille, celui qui transperce ses pensées, ses cafards et ses dingueries en tous genres, je le sais, je le sens, je le vérifie à chaque seconde.

Elle est sous mon nez, toute crispée sur le canapé rouge sang. Des mèches de cheveux sombres collent à ce front bombé, perlé de sueur, qui abrite son fragile cerveau. Transpiration de foldingue. Ses mains serrées sur le pauvre coussin disent tout. Sa jambe gauche entortillée plutôt trois fois qu'une autour de sa jambe droite. Ses joues font deux taches brique rouge sur sa peau pâle. Elle est très en colère. Si sa robe noire pouvait pleurer, elle verserait des larmes de rage. Tenue du soir empruntée à sa tante Caroline. J'avale une gorgée de Coca, je gobe une chips, je ferme les yeux et j'entends ce qu'elle pense.

Tout son effort se concentre sur une seule chose, je la connais ma petite folle. Voici ce qui se passe dans l'esprit dérangé de Joséphine Faille : « Pourvu qu'il ne m'invite pas à danser ! POURVU QU'IL NE M'INVITE PAS ! »

Ouf ! Le danseur potentiel part vers Aline qui s'abîme dans la contemplation d'une vue de l'île de Ré qu'elle a admirée cent cinquante fois déjà.

« Il n'est pas mal quand même », pense Joséphine en détaillant non sans fierté la haute silhouette aux cheveux fous. La chemise blanche ouverte aux manches comme s'il avait été tellement pressé qu'il avait oublié de la fermer aux poignets. Le joli sourire un peu moqueur. Aline est couleur tomate. C'est-à-dire qu'elle aussi est amoureuse de lui. Elle fait partie du troupeau qui assaille le domicile de Joséphine pour venir réviser les verbes irréguliers anglais, ou parler, comme si leur vie en dépendait, du prochain devoir sur table de français. De préférence le soir pour être sûre qu'il sera là, lui.

Lui, c'est Matthieu Faille, le père de la belle cinglée du sofa. Pour Joséphine, l'alerte a été chaude. Danser avec son père lui fait horreur.

La chanson continue à susurrer : « Nights in white satin, never reaching the end... »

Joséphine aimerait bien qu'elle s'arrête, la nuit. Quelle idée d'avoir fait une fête. Ça continue à grenouiller dans son cerveau suractivé. Elle se maudit jusqu'à la trente-septième génération, elle se sent nulle. Faire une fête dans l'appartement. Avec lui ici. Le pire, c'est qu'ils sont tous venus. Aline, Laure, Gabriel, Sophie, Anita, Fabrice, Richard... Tous ! Pas un ne manque à l'appel ! Si ! Je la vois rougir. Un invité d'importance n'est pas encore là.

Je ne suis pas dupe : elle a décidé la soirée pour le retenir, pour empêcher cet invité-là de partir en week-end. Là-bas à Saint-Rémy, a pensé Joséphine, il y aurait sûrement plein de filles. Et lui qui est si beau ! Paul Vatineuse. Paul. Paul. Où était-il, d'ailleurs ? Ce n'est pas encore son heure. Il faisait toujours son apparition dans les soirées un peu après minuit.

Mince ! Une urgence à bâbord. Voilà qu'il arrive, celui qu'elle cherche à éviter. Joséphine trouve qu'il fait tache avec ses trente-sept ans parmi des adolescents. Pour elle, on ne voit que lui.

« Lorsque j'étais bébé, il m'emmenait toujours dans les fêtes, se raconte-t-elle, c'est pour cela que j'aime tant danser. »

Elle oublie que c'était Mamie Rosa – sa grand-mère – qui la gardait quand ses parents sortaient.

Ils avaient vingt ans ! Sa mère, étudiante américaine venue à Paris, attirée par la littérature française et tombant sous le charme d'un grand jeune homme qui allait devenir son mari et le papa de sa petite fille.

Son père avait vingt ans quand elle, Joséphine, était venue au monde. Et c'est – elle le sent confusément – LE problème de sa vie.
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