- EAN13
- 9782753546479
- Éditeur
- Presses universitaires de Rennes
- Date de publication
- 12/07/2016
- Collection
- Interférences
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Martin Amis
Le postmodernisme en question
Anne-Laure Fortin-Tournès
Presses universitaires de Rennes
Interférences
Autre version disponible
Comment écrire à l'ère du doute généralisé quant à la possibilité pour le
signe de commercer avec le monde ? Comment faire fi de la mélancolie au
relativisme nihiliste entaché de médiocrité dans laquelle nous serions soit
disant plongés ? Comment, en un mot, réintroduire de la valeur dans et par le
littéraire, à l’heure post-humaniste des vérités incertaines et de
l'ébranlement des fondements de nos certitudes ? Les romans de Martin Amis
fournissent quelques éléments de réponse à ces questions, par la virulence de
leur critique de l’affect mélancolique d'un certain discours ambiant dit
postmoderne. Loin d’être victimes du pessimisme fin de siècle (« fin de XXe
siècle, bien sûr »), ils forment une œuvre à part entière car l’énergie
provocatrice de leur verbe est la marque d’une foi dans le pouvoir qu’ont les
mots – dans leur violence même – à prendre langue avec le monde, à investir
les sphères éthiques et politiques pour faire du roman un lieu de débat
concernant la modernité. London Fields (1989) porte ce débat sur le devant de
la scène : l’ironie qui y préside n’épargne aucune des complaisances affectant
le versant mélancolique du postmodernisme, qu’elle mime pour mieux les
dénoncer. Les maux de notre société y sont hyperbolisés, l’apocalyptisme
ambiant radicalisé, l’excès de nos peurs hypertrophié jusqu’à ce que cet excès
même, victime de sa propre violence, implose, laissant la place aux valeurs
programmées par le joyeux carnaval de la langue qui préside à l’écriture du
roman et bouleverse les catégories établies pour instaurer celles de la
liberté d'un langage inventeur de ses propres lois.
signe de commercer avec le monde ? Comment faire fi de la mélancolie au
relativisme nihiliste entaché de médiocrité dans laquelle nous serions soit
disant plongés ? Comment, en un mot, réintroduire de la valeur dans et par le
littéraire, à l’heure post-humaniste des vérités incertaines et de
l'ébranlement des fondements de nos certitudes ? Les romans de Martin Amis
fournissent quelques éléments de réponse à ces questions, par la virulence de
leur critique de l’affect mélancolique d'un certain discours ambiant dit
postmoderne. Loin d’être victimes du pessimisme fin de siècle (« fin de XXe
siècle, bien sûr »), ils forment une œuvre à part entière car l’énergie
provocatrice de leur verbe est la marque d’une foi dans le pouvoir qu’ont les
mots – dans leur violence même – à prendre langue avec le monde, à investir
les sphères éthiques et politiques pour faire du roman un lieu de débat
concernant la modernité. London Fields (1989) porte ce débat sur le devant de
la scène : l’ironie qui y préside n’épargne aucune des complaisances affectant
le versant mélancolique du postmodernisme, qu’elle mime pour mieux les
dénoncer. Les maux de notre société y sont hyperbolisés, l’apocalyptisme
ambiant radicalisé, l’excès de nos peurs hypertrophié jusqu’à ce que cet excès
même, victime de sa propre violence, implose, laissant la place aux valeurs
programmées par le joyeux carnaval de la langue qui préside à l’écriture du
roman et bouleverse les catégories établies pour instaurer celles de la
liberté d'un langage inventeur de ses propres lois.
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