Lundi 14h - 19h

Mardi - Samedi : 10h - 12h30, 14h - 19h

 

 

 

 

Pascale B.

Conseillé par
26 août 2022

Sur les traces du féticheur

Dakar, Sénégal.
Tristan Jordis revient sur ses déplacements au Sénégal liés à son amitié avec Mansour, ancien « crackman » revenu au pays marqué au fer par son séjour en prison.
Tristan et Mansour, réunis par la philosophie et la drogue, partagent confidences et points de vue entre la France et l’Afrique.
Entre roman et documentaire, l’auteur nous livre un récit analytique sur
- La puissance de la drogue à dilater ou emporter les vestiges d’un être et à l’enfermer dans l’indifférence et l’oubli, en contrepartie de plaisirs illusoires ;
- La virulence d’un continent en perpétuelle décomposition malgré son fonctionnement communautaire ; sa capacité à décourager les ONG ;
- La question raciale vue par un blanc en immersion dans la brousse.

Un grand talent d’écriture, de belles descriptions des lieux, des hommes, de la faune et la flore, de la musique ; des phrases comme hachées à la machette

Texte vivant manié avec doigté invitant le lecteur au voyage, intéressant et prenant.

« La toxicomanie, c’est le diable. Même si tu crois pas en Dieu, tu peux voir le diable à l’œuvre, qui négocie l’illusion du plaisir contre une vie de souffrance »
« Je me retournais... La nature observait mon départ »

Fin surprenante, polémique ou chaque culture se justifie.

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26 août 2022

Dieu est un yankee

Cherbourg, 1864.
Un navire yankee est sur le point d’affronter la corvette américaine Alabama sous les yeux des français et du dégourdi journaliste Théodore Coupet.
Simultanément, la nouvelle impératrice du Mexique, Charlotte de Habsbourg, débarque avec engouement dans le chaos mexicain.
Le lecteur parcourt en alternance Cherbourg où les joutes menées par deux hommes d’honneur vont être l’enjeu d’un pari fou pour sauver un trésor et d’une histoire d’amour ; d’autre part le Mexique et la déconvenue de Charlotte fraîchement débarquée dans un palais baroque négligé ressemblant plus à une caserne militaire.

Gwenaële Robert, d’une écriture soignée et méthodique, restitue intelligemment dans cette fiction romanesque l’atmosphère de l’époque et comment la guerre civile des américains précipite leur chute, tout en donnant substance à ses personnages et aux enjeux.
Le tout est vivant et captivant, mélange bien dosé entre fiction et réel, l’auteure a un talent fou pour taquiner l’Histoire et nous plonger dans l’aventure.

« C’était comme si un fleuve invisible traversait le lit, les condamnant à demeurer sur deux rives séparées »

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24 août 2022

Léa dans l’ombre

29 septembre 1933, Cours d’assises du Mans.
Maître Germaine Brière, secondée par son fidèle ami Pierre, finit sa plaidoirie dans l’affaire des sœurs Papin, 8 mois après le double meurtre qu’elles ont commis sur des bourgeois. Acte de folie ? crime de colère ?
En attendant les délibérations, retour sur le parcours de cette brillante avocate, au fort tempérament, ce qui fait d’elle l’icône de la défense du petit peuple ; ses études, son statut de femme dans le milieu professionnel, sa vie familiale et amoureuse, ses faiblesses… « Félix n’était pas son amant mais son aimant »

La partie juridique est accessible et romancée d’une belle plume fluide et lisible. Julia Minkowski reconstitue l’étrange ambiance qui devait régner chez les victimes, se passionne pour le passage à l’acte et son pourquoi, décrypte les signes avant-coureurs qui font plaider la folie par l’avocate. Les descriptions des autres affaires sont tout aussi captivantes car imprégnées d’une exaltation à traiter les problèmes des autres au détriment de ses propres secrets.

« Le décès brutal de son amie avait été la première véritable injustice à laquelle elle avait été confrontée.
« Jamais je n’aurai cru que les coquelicots cesseraient de fleurir »

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24 août 2022

Chevalier de l’ordre de la couronne d’Italie

Michela ou Maria, c’est 20 ans de psychanalyse, une anamnèse complexe depuis l’âge de 3 ans, un concentré de doutes, l’incapacité d’être mère…. La découverte de la véritable identité d’un grand père fasciste convaincu l’entraîne dans une impitoyable chasse aux preuves perçant l’intimité et les secrets de l’aïeul.
Documents, cartes, photos, carnets, courriers, médailles …. Tout un patrimoine de mémoire familiale en écho avec l’Histoire du pays.
Autoportrait ou mémoire familial lié aux implications historiques, croisé de parenthèses psychologiques et personnelles.
Roman intime et sincère où Michela Marzano excelle à décrire les retentissements psychologiques, malaises et tourments d’une femme face aux manquements des anciens.
Réflexion fluide mais avec des longueurs, une mise à nu très concentrée dans ce dialogue avec soi-même.

« Aussi destructeur que le pouvoir des mots que mon père jetait comme des pierres contre ma mère et sa famille »

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23 août 2022

Le pistard

Le récit commence par un drame quand Liam revenant de la chasse découvre sa femme apparemment tuée par un ours, son fils Aru de 5 ans rescapé.
Le lecteur fait connaissance avec Liam, chasseur invétéré, marqué par une enfance à la trique et à l’alcool, qui ne sait pas aimer, se nourrissant de la montagne ; puis Aru enfant taiseux, désiré par une mère perdue à jamais.
L’histoire devient alors un face à face entre un père non traditionnel et son fils qu’il doit soudain inscrire dans son existence.
Sandrine Collette installe son intrigue sur deux phases psychologiques et ambivalentes, dans un huis-clos et une longue traversée du désert pour les deux protagonistes

Écriture vive, intégrant la nature et les animaux sauvages (l’auteur connaît si bien les chevaux !), langage brutal bousculant le lecteur dans ce huis-clos déterminant, un beau et chaotique récit sur la paternité et filiation où un enfant « fait le loup »