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Fanny N.

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Conseillé par (Libraire)
8 août 2018

Le lambeau

Longtemps, j’ai tourné autour du Lambeau. Je me disais qu’il y avait d’autres titres à lire. Plus tard, que les lecteurs qui avaient eu envie de le prendre l’avaient déjà lu (et n’avaient donc pas besoin de moi.), que c’était peut-être plus du récit que de la litté (je lis assez peu de récits), et puis comme feelgood book pour l’été, y’avait mieux. La vérité, c’est que je n’était pas prête. Je n’étais pas prête à pénétrer dans les locaux de Charlie hebdo au moment de l’attentat (même si c’était uniquement par le biais d’un texte), je n’étais pas prête à passer 500 pages aux côté de Philippe Lançon, pas prête à écouter ce qu’il avait à nous dire du trauma indescriptible qu’il avait pu vivre.

Et puis, un soir, en rentrant, je tombe l’émission de Fabienne Sintes (dont la voix m’hypnotise à chaque fois, je dois dire) consacrée à Philippe Lançon et sa chirurgienne Chloé Bertolus.
Le fait qu’il soit sur le plateau avec sa chirurgienne m’intrigue. Je découvre ainsi Philippe Lançon (dont je ne connais pas les articles puisque je ne prends malheureusement pas le temps de lire la presse) et le duo qu’il forme avec son médecin. Le lendemain, je mets Le lambeau dans mon sac, me disant que c’était trop con de passer à côté. Certes, à la lecture, ça risquait de piquer un peu, mais bon, moi je serai tranquille dans mon canap’ sans me demander quel partie de mon corps on utiliserait pour me refaire la mâchoire.

J’ai refermé le livre il y a bientôt un mois. Je suis partie en vacances peu après, si bien que je n’ai pas pu le conseiller aux lecteurs. Et heureusement, parce que j’en aurais été bien incapable d’en parler. Je suis, habituellement, plutôt volubile quand un livre me plait, mais, parfois, c’est trop remuant et je n’y arrive pas dans l’immédiat. Alors, aujourd’hui, je tente.

La première chose qui m’a frappée lorsque j’ai ouvert Le lambeau, c’est l’écriture de Philippe Lançon. Je ne sais précisément à quoi cela tient, mais, dès les premières pages, j’étais embarquée, avec l’envie de découvrir, également, ses articles. J’avais face à moi un écrivain accompli et ce fut une vraie rencontre littéraire.

Évidement, après l’immédiateté de l’écriture vient le contenu. J’ai donc pu voir l’attentat de Charlie Hebdo de l’intérieur (chose que j’avais eu le luxe de m’épargner jusqu’à présent.), la blessure de Philippe Lançon et les années de reconstruction qui s’en suivirent. Et là, c’est l’histoire qui m’a happée. La relation soignant-soigné, les angoisses, l’attente, la colère, l’inconnu, les amis, les amours, la littérature, le théâtre, l’art. L’auteur nous décrit son parcours au long cours avec un mélange de sincérité et de pudeur absolument déconcertant.

Bref, un très grand livre que je ne peux que vous recommander chaudement.

Emma