Lundi 14h - 19h

Mardi - Samedi : 10h - 12h30, 14h - 19h

 

 

 

 

Cris, roman

Laurent Gaudé

Actes Sud

  • Conseillé par
    30 janvier 2019

    Ce livre est parfait comme entrée en matière sur la Première Guerre mondiale du point de vue des soldats. Il donne la part belle à plusieurs poilus, qu’ils soient dans les tranchées depuis longtemps ou qu’ils soient de la relève, qu’ils soient gradés ou non, qu’ils sortent entier des assauts ou qu’il soient blessés, qu’ils soient sur le front,qu’ils repartent temporairement à l’arrière ou qu’ils soient en permission : la parole leur est donnée, même si elle sort de l’esprit de l’auteur.

    Ce qui est montré, c’est que chacun à son niveau est victime de la guerre et qu’elle ne se cantonne pas aux champs de bataille. Que la mort n’est pas juste quand elle frappe, elle frappe et puis c’est tout, elle a faim et mange sans jamais ressentir de satiété. Les hommes se soutiennent, se maintiennent hors de la boue et de la peur, mais toujours sous le niveau de la terre, sauf pour courir vers la tranchée d’en face, sur ces quelques mètres qu’il faut regagner coûte que coûte. La tranchée d’en face qui ne vaut pas toujours le prix payé. Et la gazé, qui tente de reprendre l’énergie suffisante pour sortir de son trou d’obus, mais dont les poumons sont foutus d’avoir voulu le faire vivre en respirant l’air de trop.

    J’ai particulièrement aimé le personnage de Jules qui, partant en permission, ne peut se résoudre à arriver à Paris, pas aussi simplement qu’en train. C’est impossible. La guerre ne peut pas être aussi proche de la ville, qui regorge de belles femmes, ces femmes qu’il ne se sent plus capable de toucher avec son corps vieux avant l’âge et ses mains de tueur. Loin du front, il continue à entendre ses camarades qui crient. Se libérer de ces cris, comme se libérer des hurlement de l’homme cochon dans les tranchées, c’est tâcher de guérir son esprit qui ne tient plus le coup, qui ne supporte plus la boucherie, qui est trop plein des pleurs de ses frères.

    Mais, loin des combats, les hommes sont-ils prêts à entendre ? Et, au front, les hommes sont-ils prêts à obtenir le grade qui les attend, celui de morts pour la France ?