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Le Chant de l'assassin

R. J. Ellory

Sonatine éditions

  • Conseillé par (Libraire)
    7 juin 2019

    Un chant ensorcelant

    Avec « Le Chant de l’assassin » R.J Ellory démontre qu’il est bien l’un des plus grands auteurs de romans noirs. Intrigue parfaite mais surtout personnages inoubliables dans une Amérique sombre et profonde. Du grand, très grand roman.

    Henry Quinn a fréquenté pendant 3 ans en prison, Evan Riggs. Ce dernier charge Henry, qui vient d’être libéré, de porter à sa fille Sarah, qu’il n’a jamais connu, une lettre. Respectueux de sa promesse, le jeune homme emprisonné pour une bêtise, va partir à la recherche de cette mystérieuse enfant à Calvary, Texas. Sa venue va libérer des secrets enfouis, faire surgir des cadavres, et éclairer d’un jour nouveau le passé familial de Evan Riggs. Fidèle à sa technique de flash back, l’écrivain de Birmingham, alterne chapitre par chapitre, entre la quête de Henry et le passé de Evan. C’est un puzzle qui se reconstitue peu à peu entrainant le lecteur dans une spirale infernale où le poids des violences du passé explique tout. Ou presque tout.

    Ellory qui vit en Angleterre mais qui a depuis son enfance rêvé de « l’Amérique » à travers des films, des romans de Faulkner à Hemingway, de la musique, nous emmène dans un Texas plus vrai que nature. Les communautés conservatrices vivent repliées sur elles mêmes préférant l’ordre à la vérité, l’oubli à la justice. Et quand survient un étranger, chargé simplement de porter une modeste lettre à une inconnue, près de trente années de silence risquent de se fissurer. L’écrivain maitrise à la perfection l’art du suspense et on est happé vers les dernières pages du roman qui ne quitte pas les mains du lecteur. Mais on ne saurait résumer ce livre à une enquête car l'auteur donne une dimension psychologique imposante à ces personnages et à travers leur quête décrit des êtres inoubliables. « Certains - quelques rares êtres exceptionnels - vous marquent à jamais de leur empreinte » écrit il. C’est le cas de deux frères, Evan et Carson diamétralement opposés, un paumé et artiste, l’autre froid et cynique. D’une femme Rebecca tiraillée entre l’amour partagé des deux frères. Des acteurs, potentats locaux tenus au silence par leur passé malodorant. Henry dans sa volonté de tenir sa promesse, bientôt accompagné de Evie, une jeune fille délurée forment au fil des pages un couple attachant contrastant avec la noirceur des habitants du lieu. Les « héros » positifs de Ellory, même imparfaits, sont dotés d’une humanité inoubliable.

    Livre après livre, Ellory, plus que des intrigues, nous donne une image de la condition humaine, pointant nos faiblesses que certains cherchent à oublier dans l’alcool ou la musique, cette musique omniprésente et que l’on imagine mélancolique, nostalgique et triste. Comme nos vies.

    Eric Rubert.

    Chronique complète sur le site Unidivers.fr